mardi 6 octobre 2009

Une charogne

L'Irlande a donc, après avoir flirté, repoussé, hésité, rejeté, épousé la putride Europe libérale.

Oyez, bonnes gens,en insistant bien, lourdement, en inondant d'argent provenant de la banque européenne un pays en crise, en crise d'avoir trop bien appliqué les recettes de l'orthodoxie
économique en vogue, on peut transformer, miracle de l'alchimie moderne, un non en oui.

Les Irlandais ont bien votés, sauf les salopiots des quartiers les plus populaires, évidemment, mais eux ne comptent pas.

Je ne suis pas sûr qu'un spectre hante l'Europe, en tout cas, on y sent partout comme une odeur de décomposition. Décomposition de la démocratie, démocratie déclarée recevable quand elle se contente d'avaliser les diktats de nos bienheureux dirigeants et cercles pesants.

Quand un vote va à l'encontre du dogme, on l'ignore, et on fait revoter.

Ainsi en va-t-il de l'Irlande comme des précédents nonistes, ainsi en ira-t-il de la votation pour la poste, non avalisée par le pouvoir et déclarée donc nulle et non avenue ; injure suprême pour quelques neuneux, le scrutin est qualifié ainsi de soviétique. Ben les gars, faites un référendum officiel, bien organisé et on verra le résultat.

Et, pour résumer l'Europe actuelle ou l'état de la démocratie, un petit extrait de Baudelaire (minute culture)

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux:
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons

10 commentaires:

Rimbus a dit…

Badiou se méfie un peu de la démocratie. Moi aussi.

Pat59 a dit…

Bonsoir Rébus,
Une goutte d'eau en plus dans mon dégoût, comme je l'ai déjà dit, on n'a pas fait revoter les pays qui ont dit "Oui", mais un "Non" alors ça ne pouvait pas passer, revoter jusqu'à la bonne réponse voulue...
Démocratie de m***de, Europe de m***de, Sarko sous-m***e
Amitiés
Pat

Nicolas Jégou a dit…

Qu'est-ce que je fais en lien dans ce billet visiblement hostile à l'Europe ?

La fleur a dit…

* injure suprême pour quelques neuneux, le scrutin est qualifié ainsi de soviétique. Ben les gars, faites un référendum officiel, bien organisé et on verra le résultat.*
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justement on n'était pas obligé de le faire à la soviétique , pour obtenir le même résultat !.. sans subir la risée de la droite !

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Nicolas , c'est sans doute parce que tu as qualifié cette *votation* de pétition géante ... :-)...et bien ok avec toi

Mr Poison a dit…

Vous exagérez,Baudelaire n'a pas mérité ça ! (mon poème préféré, en plus...)
:)

philippe a dit…

C'est un peu comme chez nous, quand on a un Président qui ne tient pas compte de l'avis des français... on ne peut pas s'attendre à grand chose pour les français

edurtreG a dit…

Sauf que chez Baudelaire la charogne est belle et chatoyante...

Olive a dit…

Comme quoi en Europe si tu es pas d'accord c'est pareil on fait passer.
Les français avaient dit non, Sarko a dit oui.
Les irlandais ont dit non, ben on les a fait revoter en leur faisant croire que si avaient voté oui au bidule, ben l'Europe les aurient épargner du chômage.
Pauvre démocratie.

Rébus a dit…

Rimbus, on peut s'en méfier, c'est un système imparfait et manipulable mais cela reste le mieux que nous ayons.

Pat, respire un grand coup, ça ira mieux

Nicolas, pas hostile à l'Europe, hostile à cette Europe

la Fleur, cette votation/pétition était le seul moyen possible, l'UMP ne permettra pas un vrai référendum sur le sujet ; quant aux lazzis de certains, bof

Poison social, c'est vrai, Baudelaire n'a pas mérité cela, d'autant que Gertrude plus loin, redonne le vrai sens du poême.

L'idée de l'Europe est belle et chatoyante à la base mais, accaparée par les requins...

Philippe, Olive, toujours les mêmes mécanismes que l'on voit à l'oeuvre

Le coucou a dit…

Je ne suis pas contre l'Europe, moi non plus, mais je n'aime pas ses priorités. Et surtout je suis farouchement partisan de l'instauration de la démocratie. Chaque fois que je lis dans un billet des propos laissant entendre que nous serions en démocratie, je rentre en fureur derrière mon ordinateur. Nous n'avons jamais été un pays démocratique… Et je trouve, moi aussi, qu'il y a en Europe une inflexion sournoise des régimes représentatifs vers un surcroît d'autoritarisme.