mercredi 10 novembre 2010

Petits arrangements avec le SMIC

La grande distribution est un monde merveilleux, elle nous pond régulièrement des pubs acidulées, enjouées, nous dépeignant une sorte de paradis moderne.

Vous,moi, imbéciles clients, déambulons gaiement dans des travées débordantes, cerveaux vidés et disponibles, prêts à dégainer la carte bleue , sous l'oeil ravi d'un personnel souriant,empressé et,visiblement, heureux d'être là.

Bref, la vie est belle, sauf que non, les salariés ne sont pas forcément ravis. Stress, amplitude horaire, turn over, machines appelées à remplacer du personnel, station debout prolongée ou simplement contact avec une clientèle parfois rugueuse,la GD n'est pas le paradis entrevu dans les spots publicitaires.

Elle l'est encore moins lorsque l'on chicane sur les salaires, n'hésitant pas à les payer en dessous du tarif légal. Une pratique vue chez Carrefour aussi bien que chez Auchan, peut être chez d'autres, deux procès récents mettaient en cause ces deux enseignes.

On voit que, lorsqu'il s'agit de pressuriser le personnel, les deux concurrents ont les mêmes méthodes.

Dans les deux cas, la justification est la même, pas de volonté délibérée, non, juste une interprétation élastique et personnelle des lois.

Les deux enseignes ont su jouer sur l'ambiguité de la rémunération des temps de pause, ambiguité introduite au moment de la mise en place des 35 h.

Des 35 h décriées en permanence par la droite mais jamais réellement mises en cause, leur application ayant permis ce genre de joyeuseté, renégociation drastique des pauses, ainsi que l'annualisation et, n'oublions pas, gel des salaires, en clair une aubaine pour le patronat.

A l'issue de son procès, Carrefour a été condamné, ce qui n'est pas le cas d'Auchan, il semble donc que, selon les tribunaux (ou les avocats), la justice n'ait pas encore d'avis tranché sur le sujet.

En attendant ce flou permet d'exploiter tranquillement des salariés, quasiment légalement, les joies d'un libéralisme moderne, celui qui permet à la famille Mulliez, patrons d'Auchan, de bénéficier du bouclier fiscal, de résider en Belgique pendant que l'on rogne les salaires et démantèle le système de retraites

lundi 8 novembre 2010

L'Angleterre comme modèle

La hype médiatique du moment, ce sont les déclarations de De Villepin, qualifiant son ex pote au croc de boucher de "problême pour la France". Il est de bon ton également de se gausser de la participation de Mélenchon au pince fesses spécial maison de retraites du gendre idéal le plus momifié de France. On peut également pour rester dans le politique évoquer l'éventuel futur remaniement.

Pourtant, pendant ce temps, il est des déclarations anodines, ou au moins passées presque inaperçues qui laissent entrevoir les futures orientations (anti)sociales du gouvernement.

Evidemment, je donne dans le procès d'intention mais les déclarations récentes de Benoist Apparu, l'ami des propriétaires, me semblent révélatrices.

Qu'a donc déclaré ce bon Benoist? Oh, trois fois rien, juste qu'il trouve très intéressante cette fantastique avancée sociale qui se profile en la perfide Albion. De l'autre côté du Chanel,les héritiers spirituels de Thatcher veulent coller des TIG obligatoires aux chômeurs.Evidemment, en cas de refus, couic, plus d'alloc, non mais oh!!!

Le petit Benoist,lui, il trouve ça intéressant. Pas adaptable (pour l'instant)parce que trop compliqué à mettre en place, mais...

La justification est toujours la même, on leur verse une alloc, il est juste qu'ils travaillent, que du bon sens mame Michu.

Oubliant au passage que ces allocs, souvent dérisoires, et toujours revues à la baisse au fil des divers accords Assedic, sont issues de cotisations sociales prélevées lors de précédentes périodes d'emploi. Eh oui, percevoir quelque chose signifie obligatoirement que l'on a travaillé ; ce n'est pas un "cadeau" octroyé généreusement mais un dû, issu de prélèvements précédents sur le salaire.

La justification de l'obligation envers la société ne tient donc plus. Oui, mais alors, quid du RMI/RSA ?

Pour l'instant, seuls les chômeurs longue durée (rappel, chômeur comptabilisé signifie chômeur indemnisé, voir ci dessus) sont ciblés mais effectivement les RSAistes pourraient être visés. Pour rappel, le RSA est de 400 euros environ (460 si absence de loyer). Faire travailler des gens 25 ou 30 heures par semaine nécessite que ce montant soit plus élevé, ou alors, on crée des travailleurs forcés, rémunérés en dessous du smic qui, à terme, concurrenceront directement les salariés munis de contrats (et de salaires ) classiques.

Sous prétexte de "recréer du lien", de "réinsérer", on voit bien que l'on ne ferait qu'exploiter des gens déjà en difficulté. Mais, euh, ce serait pas ça le but des fois (en plus de faire un petit cadeau supplémentaire au Medef - les gens les plus assistés du pays-)

Pour l'instant, ce genre de truc n'est pas à l'ordre du jour, il n'empêche que cela reste à suivre de très près.